#14.1
Soumis à des conditions de vie d'une extrême dureté, à une hygiène presque inexistante doublée d'une promiscuité forcée, mal nourris, éreintés par la répétition d'efforts physiques, privés de sommeil réparateur, tenus en permanence sous tension, comment s'étonner que des maladies mirent hors de combat de nombreux soldats.
Dans les premiers mois de la guerre, sévit une importante épidémie de fièvre typhoïde qui ne fut endiguée que par une campagne systématique de vaccinations.
Au début du XXième siècle, la tuberculose, qu'on appelle encore la phtisie ou la « peste blanche », est encore une maladie incurable même si, le repos, le bon air des sanatoriums accordent parfois un répit aux personnes atteintes. Malgré les examens menés lors des conseils de révision et de réforme, on a besoin d'hommes et de nombreux tuberculeux furent néanmoins incorporés, semant ainsi le mortel bacille dans les tranchées, dans les hôpitaux …
Le Service de santé des armées avait bien conscience de l’importance de l’hygiène pour éliminer nombre de maladies pouvant affecter les soldats. Ainsi, pour lutter contre le typhus, véhiculé par les poux, les soldats se lavent à l'oxyanure de mercure, on arrose les gourbis de grésil, on fait bouillir les vêtements... et on s'épouille mutuellement ... Contrairement à d'autres théâtres d'opération, il n'y eut que de très rares cas de typhus sur le front occidental. Néanmoins sévirent durant toute la guerre les fièvres, les dysenteries: « la diarrhée des tranchées », les leptospiroses inoculés par les morsures de rats, les maladies vénériennes, le paludisme en Orient et à la fin du conflit, la ravageuse épidémie de grippe espagnole … Les maladies tuèrent autant que les blessures de guerre !
Parmi ces maladies, il en est une qui toucha nombre de nos poilus: le « pied de tranchée », une infection résultant de la macération des pieds dans des chaussures baignant constamment dans une eau où profiteraient bactéries et microbes. A une stade avancé, la nécrose s'installait … et le soldat atteint risquait alors la septicémie. Dès lors, l'ultime parade était l'amputation. Peut-être est ce qui est arrivé à ce soldat dans les bras de son infirmier !
#14.2
Côté Français, la guerre 14-18 fit plus de 4 millions de blessés; soit plus d'un mobilisé sur deux et, évidemment, certains furent blessés plusieurs fois. Parmi eux, compte-tenu de la sévérité de leur blessures et de leurs séquelles, près d'un million eurent droit au versement d'une pension d'invalidité dont 42 000 aveugles, 300 000 mutilés ou amputés, 190 000 gazés, 15 000 gueules cassées. Il y eut aussi, ces blessés, aujourd'hui identifiés, reconnus, soignés comme souffrant d'un stress post-traumatique, et pour lesquels, à l'époque, lorsqu'on ne les soupçonnait pas de simulation, les médecins perplexes parlaient d'obusite, de syndrome des éboulés, de psychose de barbelés avant de les soumettre à un « traitement faradique ».
Cet afflux de victimes de traumatismes dévastateurs, fit faire des progrès très importants en matière de chirurgie réparatrice, de greffes, de rééducation fonctionnelle, et d'appareillement, de prothèses orthopédiques pour des mutilés. Des nombreux centres spécialisés furent créés après-guerre pour tenter de redonner notamment des capacités de travail aux anciens-combattants diminués par leurs blessures de guerre.
On voit ici, un groupe de poli-amputés arborant parfois une croix de guerre bien chèrement payée.
Si certains revêtent encore quelques attributs militaires, d'autres sont désormais rendus à la vie civile …mais dans quel état ! Comment alors se réinsérer ? On remarquera les prothèses métalliques terminées par des pinces que portent l'homme à la casquette de gavroche.
Photos - Albums Valois - Bibliothèque de Documentation internationale contemporaine (BDIC)