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Mai 1916 - Froidos - Hôpital. le soldat de droite, Critioche, du 3ème bataillon d'Afrique, blessé à Verdun, le 10 mai par un gros éclat d'obus à la tête.

#15.1

Les voilà, ces blessés revenus de l'enfer de Verdun ! Ceux-là ont eus de la chance … Un poste d'ambulance avancé a pu les prendre en charge, ils y ont reçu les premiers soins, l'infirmier ou le médecin a consigné ses premières constatations sur la fiche de liaison accroché à l'un des boutons de leur capote. Puis, souvent par leurs propres moyens ou soutenus par d'autres blessés plus vaillants, ils ont été évacué vers l'arrière vers un hôpital de campagne. Parmi des millions d'autres, cette photo illustre l'histoire du soldat Critioche, à Verdun. Si l'éclat d'obus qui l'a frappé, a percé son casque, il a été néanmoins stoppé et en effet, on voit ce fragment de métal fiché dans son casque. Sa plaque d'identité restera encore bien accrochée à son poignet  droit !

Beaucoup n'auront pas eu cette chance, ce sont les millions de tonnes d'obus envoyées de part et d'autres de la ligne de font qui causeront le plus grand nombre de blessés et de tués.   

Cette chance est sans doute relative car, ces soldats se rétabliront et après une période de convalescence, ils retourneront au front.  

Certains rêvaient, espéraient la « fine blessure », ni trop grave, ni trop légère, qui les renverrait définitivement chez eux.  Certains iront même jusqu'à s'infliger des mutilations volontaires prenant ainsi le risque de passer en cour martiale ! Dès septembre 1914, ces actes désespérés sont assimilés à un abandon de poste ou à un refus d'obéissance en présence de l'ennemi passible de peine de mort. Durant le dernier trimestre 1914, 61 militaires français furent ainsi fusillés. 

25 septembre 1915 - Suippes - Blessés revenant à pied de Suippes.

#15.2

Voilà, comment un médecin militaire, décrit son quotidien dans le secteur de Verdun. A Tavannes, dans un tunnel ferroviaire désaffecté, sans point d'eau, ni aération, l'armée française a installé un quartier général, un hôpital et un dépôt de munitions.

C'est là qu'a été affecté le docteur Barros;  il écrit : « Nous croisons des défilés ininterrompus de blessés, paquets d’ouate et de bandages, transportés par des brancardiers […] Derrière eux et dans leur sillages flottent de vagues odeurs d’antiseptiques et d’éther. […]  Des millions de mouches volent en tout sens et tapissent les parois du tunnel.[…] L’air est irrespirable. […] A la lueur vacillante d’une bougie fuligineuse, je coupe des vêtements, le sang coule sur mes mains ; je découvre des plaies monstrueuses au fond desquelles nagent des plaques graisseuses de moelle osseuse et de poussière d’os, et ces malheureux blessés aux figures jaunes de cire, aux nez effilés, aux traits crispés sur lesquels perlent des gouttes de sueur, me font penser aux martyrs. »  

Sur la route de Suippes, le photographe les a croisé ces pauvres hères aux uniformes crasseux, remontant du front et se dirigeant en longue colonne trainante d'éclopés vers les postes d'ambulance.  Les uns ont un bras en écharpe, d'autres des blessures aux mains , au cou … La clope au bec, d'un pas décidé … ils marchent. Dans l’œil du deuxième à partir de la gauche,  brille une étincelle de fierté. En conquérant, il rapporte de la bataille un trophée envié:  un casque à pointe portant l'aigle impérial.  

Photos - Albums Valois -  Bibliothèque de Documentation internationale contemporaine (BDIC)