#21.1
Les estafettes militaires, relais indispensables entre les différents centres de commandement, furent rapidement équipées de bicyclette: monture légère, rapide, docile, économe en énergie et en entretien. Mais, on imagina, dès 1913, en équiper des troupes de combat. Ainsi furent créés des groupes de chasseurs cyclistes ayant troqué leur cheval pour un vélo ... pliant !
Cette innovation avait déjà quelques années et le lieutenant Henri Gérard l'adapta pour un usage militaire et le fit fabriquer par les usines Peugeot Frères.
Court sur roues (0,75 m), il devait permettre au soldat sans descendre de sa machine de poser les pieds au sol et, les mains libres, et de faire feu. La bicyclette repliée pesait une quinzaine de kilos et, par un système de harnais à bretelle, elle pouvait être mise sur le dos de son cavalier tout en le laissant libre de ses mouvements. Pour les spécialistes, ce modèle était équipé d'un plateau de 23 dents et d'un pignon de 9 dents, soit un développement de 5,5m avec des roues de 65cm. Par contre, il ne disposait pas de roue libre, et les freins frottaient directement sur le caoutchouc des pneus.
En dépit de ces intéressantes dispositions, jamais les chasseurs cyclistes ne furent engagés avec leur vélo sur le dos; ceux-ci demeurèrent un simple moyen de locomotion parqués sous la surveillance d'un mécanicien lors des affrontements.
Cette photo est doublement originale. Un officier passe en revue un peloton cycliste composés de ... spahis marocains. Si on observe attentivement leur vélo, on distingue, au milieu du cadre, le système de charnières permettant de le replier. Quant au spahis, même s'ils ont conservé leur turban traditionnel, ils ont perdu leur boléro rouge pour un uniforme kaki. Et si ces fiers cavaliers habitués aux cavalcades sur des pistes sablonneuses, ont bien une selle pour le reste on est très loin du pur-sang arabe.
#21.2
Dès le mois de novembre 1914, la Royal Navy établit un blocus maritime extrêmement restrictif en contrôlant le transit de marchandises en mer du Nord. Aux affrontements armés, vinrent donc s'ajouter les effets d'une guerre économique.
Privés de certaines matières premières, la productivité de l'industrie allemande en fut affecté. Elle dut s'adapter, trouver des produits de substitution, ouvrir de nouvelles filières ... Les impacts se firent également ressentir auprès des populations civiles... Elles durent supporter des pénuries de produits de première nécessite qui imposèrent des mesures strictes de rationnement ... En 1917, la famine fut aggravée par des mauvaises récoltes ... S'en suivèrent des taux de mortalités surélevés, des grèves, des émeutes, des révoltes ... Longtemps les allemands se souvinrent de cette période particulièrement noire.
On voit ici, sur cette photo, une ingénieuse invention palliant le manque de caoutchouc pour la fabrication de pneus. Cette jante de vélo est garnie sur sa circonférence d'une série de ressorts d'acier cerclée d'une lanière de cuir. Bien qu'étant à l'abri des crevaisons, on peut douter de la fiabilité de ce procédé dont on a jamais plus entendu parler après-guerre !
Photos - Albums Valois - Bibliothèque de Documentation internationale contemporaine (BDIC)