#38.1
Bien avant leur entrée en guerre, l'Amérique était déjà moralement et matériellement aux côtés des Français et des Anglais. Des produits industriels et alimentaires étaient massivement importés des États-Unis qui, sous forme de prêts, soutenaient financièrement l'effort de guerre des alliés.
Par ailleurs, au travers d’œuvres caritatives ou de manière plus individuelle, les américains manifestaient leur solidarité et venaient en aide, sous forme de colis, aux combattants.
Des services de soins, des ambulances, des hôpitaux américains et leurs personnels furent très rapidement déployés sur les différents fronts. Ernest Hemingway se porta ainsi volontaire dans une ambulance sur le front Italien. Il y vécut une romance avec une infirmière et fut sévèrement blessé aux jambes. Cet épisode de sa vie lui inspira son roman « l'adieu aux armes ».
Des volontaires américains, casse-cou et aventuriers, constituèrent dès 1916, l'une des toutes premières escadrilles d'aviation sous le nom très symbolique de « Lafayette ». L'un de ses pilotes, Gervais Raoul Lufbery, avec 17 victoires, abattu en mai 1918, a rejoint d'autres illustres noms parmi les « as des as ».
Et alors que la situation militaire s'assombrit en 1917 avec les revers du Chemin des Dames, les mutineries et l'abandon du front de l'est par le conseil des commissaires du peuple, le nouveau pouvoir russe, la déclaration de guerre des états-unis à l'Empire Allemand raffermit les espoirs de victoire.
En avril 1917, débarquèrent à Saint-Nazaire, les premiers sammies venus au secours de la vieille Europe. Ils étaient beaux, jeunes, souriants, en pleine santé … Il ne ressemblaient pas à nos tristes et fatigués « poilus » d'ailleurs ils ne portaient pas la moustache … Souffla alors un vent nouveau venu du nouveau monde comme on le sent sur cette photo. Ces fraîches recrues ont l'air d'étudiants en virée avec leur petit singe capucin, leur banjo, leurs manches retroussées, leur décontraction … Notez que le drapeau Américain ne compte que 48 étoiles et non 50 comme aujourd'hui !
#38.2
Cette scène d'entrainement au tir pourrait sembler extraite d'un Western. Avec leurs chapeaux mous à larges bords, leurs chemises vert olive avec des poches, leur revolver, leur mine d'acteur, ils ont fière allure ces cow-boys !
Ils se sont installés confortablement dans des camps où règne un autre art de vivre: on mâche du chewing-gum, on joue au basket, on fume des blondes, on écoute du jazz , du blues …
Et, ils ont les poches pleines de dollars; la solde d'un soldat américain est équivalente à celle d'un officier Français.
Alors, les habitants à proximité des leurs camps, leur vendent des omelettes, des volailles, des pâtisseries et eux leur donnent des produits devenus rares : du savon, du chocolat, des conserves … Peu accoutumés à l'alcool pour cause de prohibition, les américains ne supportent pas bien le vin, la bière ou la gnôle que leur servent les aubergistes et la police militaire doit sévir.
Mais une fois armés, endurcis, entrainés souvent d'ailleurs par des instructeurs français ayant subi l'épreuve du feu, ils découvrirent le véritable visage de guerre.
John Dos Passos, un jeune américain qui rêvait d'aventure, s'était engagé pour vivre une épopée moderne… Il retraça son expérience du front dans un livre « Initiation d'un homme 1917 » et fit, dès l'introduction cet amer constat : « En Amérique, ça leur plait la guerre. Ils ignorent ce que c'est ! »
L'un des récits les plus authentiques et bouleversants du vécu des soldats Américains durant la première guerre mondiale, est sans doute le témoignage de William March intitulé « Compagnie K » où chacun de 113 soldats de sa compagnie est placé successivement comme narrateur !
On est alors très loin de l'enthousiasme boy-scout qu'ils affichaient lors de leur arrivée : « un chien devenu fou sous les bombardements tourne sur lui-même, un homme sort des tranchées pour se faire tuer en criant qu'il veut mourir, un autre, blessé et pris dans les barbelés, est achevé par un Allemand qui le prend en pitié... »
Photos - Albums Valois - Bibliothèque de Documentation internationale contemporaine (BDIC)