#44.1
Très vite, les ingénieurs militaires ont cherché un moyen de progresser sur terrain difficile tout en contrant les tirs de mitrailleuses et sans être entraver par les réseaux de barbelés. Seul un véhicule blindé, armé et passe-partout en était capable. L'idée du char d'assaut n'était évidemment pas nouvelle; Léonard de Vinci avait lui-même conçu un engin de ce type avec une tourelle de tir.
Ainsi, divers projets furent mis à l'étude en France comme en Angleterre. Afin de détourner l'attention de services de renseignements sur les premiers essais de ces engins, on les appela « tanks » laissant croire qu'il s'agissait de réservoirs mobiles d'eau. D'ailleurs, les premiers chars anglais de type Mark à la forme de losange, ressemblaient à s'y méprendre, à l'exception des chenilles, aux réservoirs d'une marque de motocyclettes de l'époque.
Il furent utilisés pour la première fois en septembre 1916 dans la Somme.
Ces premiers modèles opérationnels, très lourds (14 à 15 tonnes), lents (3 à 5 km/h), peu fiables s'avérèrent peu convaincant. La plupart d'entre-eux furent mis hors d'état par l'artillerie allemande ou tombèrent en panne malgré les éloges de cette nouvelle arme faisant la une des journaux : « Leur avant, taillé en éperon, s’avançait à travers les terres bouleversées par le bombardement, franchissait tous les obstacles, traversait comme en se jouant les lignes de fer barbelés, tandis que de leurs flancs des armes invisibles crachaient des torrents de mitraille».
Les premiers chars Français, des Schneider et des Saint Chamond, furent engagés lors de l'offensive du chemin des dames et connurent les mêmes déboires que les chars Anglais. L'équipage composé de six hommes d'un char Schneider CA1 pose ici devant leur monstrueuse machine qu'ils ont poétiquement baptisé « Fleur d'Ajonc ». L'As de Coeur figurant sur son flanc est un identifiant, quatre chars portant les quatre as formait un groupe, l'AS faisant reférence à Artillerie Spéciale !
Leur mission est des plus rudes en effet, à l’intérieur de l'engin, la température monte au delà des 40°, il fait pratiquement noir, le bruit est tel qu'on ne peut communiquer que par signe ou en donnant des coups sur les parois, l'air est saturé de fumée et d'odeurs d'huile … et selon le terrain, on est secoué dans tous les sens !
#44.2
Constatant les défauts de ces premiers chars, l’armée française se dota de nouveaux chars Renault FT-17, plus petits et plus maniables. Plus de 3.500 de ces chars furent construits entre 1917 et 1918. Les Renault FT-17 équipèrent également les armées Américaine et Italienne et s'illustrèrent lors de la seconde bataille de la Marne en 1918.
Les stratèges allemands ne crurent pas à l’intérêt des chars d'assaut et ils ne produisirent que très peu de prototype de chars. Seule une vingtaine A7V, mastodontes peu manœuvrables, sortirent de leurs usines portant néanmoins un slogan assez présomptueux « EilFriede » qui signifie « paix rapide ».
Le 24 avril 1918, dans les environs de Villers-Bretonneux, trois A7V furent détruits et un quatrième fut capturé au cours de ce qui constitua le premier affrontement entre chars d’assaut.
On voit ici, l'un des ces chars, ayant versé sur le flanc dans une carrière; la prise est impressionnante et hautement symbolique. Évidemment, on se faisait photographier en vainqueur devant cette montagne d'acier réduite à l'impuissance.
Par contre, les Allemands n'hésitèrent pas à réutiliser, une fois remis en état, des chars Anglais ou Français abandonnés sur le terrain. Les militaires allemands surent, là encore, tirer les leçons de la défaite de 1918: « ce n'est pas le génie du maréchal Foch qui nous défaits mais le général Tank ». Au milieu des années 20, un programme clandestin de développement de chars appelés « Grosstraktor » fut initié. Il aboutit, sous l'impulsion du Général Guderian à la mise au point et à l'industrialisation de la production des trop fameux « Panzers ».
Photos - Albums Valois - Bibliothèque de Documentation internationale contemporaine (BDIC)