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6 avril 1918 - Grivesnes - Le Coq du Clocher tenu par le Sergent Raymond Petit, observateur d'Infanterie dans le clocher, pendant les combats des 31 mars, 1er et 3 avril.

#7.1

Cette photo pourrait s'interpréter comme une allégorie de ce premier conflit mondial. Sur fond de ruines, ce soldat Français est néanmoins parvenu à sauver de la destruction l'un des emblèmes de la France, le coq gaulois.

L'homonymie latine entre coq et gaulois (gallus) a instauré, comme l'un des symboles de notre pays, le coq comme naturellement gaulois. Et évidemment, on s'est attribué les qualités de ce volatile: la hardiesse, la combativité, le panache, la vigilance...  Nos ennemis ne manquèrent jamais, de leur côté, à en dénoncer les défauts: fanfaron, querelleur, de basse noblesse ... et à les attribuer à nos compatriotes.

Ce coq  orne fièrement le blason de l'équipe nationale de rugby, et ce depuis 1911 ! 

On retrouvera ce coq sur nombre de monuments aux morts après guerre.  

Notons également que ce coq, récupéré par un observateur de l'armée, était perché sur le clocher d'une église. Il était donc de ces coqs qui annoncent chaque matin, au dessus des hommes, la venue d'un jour nouveau au son de l’angélus. Et si l'on dépasse le « cocorico » rythmant l'immuable ronde des jours, d'aucuns y voient l'annonce de temps nouveaux.

Je ne sais pas ce qu'avait en tête le Sergent Raymond Petit, au moment où il sortit des décombres ce coq meurtri. Peut-être y vit-il un présage: la nation se relevant de ses épreuves avec la paix revenant.

27 juillet 1916- Etelfay - Remise de décorations par le Général Marchand ; Le Drapeau du 53ème R.I coloniale.

#7.2

Le voilà mis à l'honneur, le poilu tel que nous l'imaginons!

Il porte le casque Adrian; la capote de drap bleu horizon avec ses deux pans relevés sur le côté pour ne pas entraver la marche. Sur le col, est brodé le numéro de son régiment. Il est chaussé de godillots à clous; Godillot étant le nom de leur fabriquant (comme aujourd'hui on dit des « nikes », ou  des « pataugas »). Et remplaçant avantageusement les bottes (surtout lorsqu'on manque de cuir), des bandes molletières s'enroulent autour de ses jambes.

Et que serait un soldat sans son arme: un fusil Lebel, superbement astiqué pour cette remise de décoration, à l'extrémité duquel, pointe une baïonnette, la « Rosalie », un pique cruciforme de trente centimètres.

Un drapeau portant la devise du 53ième R.I d'infanterie coloniale est posé sur deux faisceaux formés par trois fusils dont on a croisé les baïonnettes.  Nul ne sait quelle citation accompagnait cette décoration pour ce soldat mais, à interroger son visage, on y sent une dureté, une gravité, peut-être même une certaine résignation.  « Honneur et Patrie ». Devant le général, devant ses frères d'armes, quel sens donnait-t-il alors à ces mots après ce qu'il avait vécu depuis le début de la guerre jusqu'à ce jeudi 27 juillet 1916 ?   

Photos - Albums Valois -  Bibliothèque de Documentation internationale contemporaine (BDIC)