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Aout 1914 - Paris - Magic City. Fabrique de chaussures pour l'armée. Monteuses et cloueuses de talons.

#8.1

A la fin du XIXième siècle, au début du XXième, la société industrielle a besoin de bras, d'ouvriers  mais aussi d'ouvrières. Les femmes étaient jusqu'alors cantonnées dans des emplois domestiques, de l'humble servante et la cuisinière; leur étaient également confié du travail à domicile payé à la pièce.  L'ouvrière est donc une nouvelle venue dans le monde du travail hors de la maison à la manufacture. Le premier grand secteur d'emploi féminin est alors l'industrie textile où la mécanisation offre des postes de travail pour lesquels la force physique est moins mise à contribution sans que les conditions de travail soient pour autant moins pénibles. Les voilà cardeuses, bobineuses, peigneuses, fileuses, dévideuses, fouleuses, ourdisseuses, renvideuses, …

La mobilisation en 1914 entraîne une forte diminution de la main d’œuvre masculine dans les usines. Par nécessite, l'emploi féminin se développe dans tous les secteurs de production et notamment dans les secteurs vitaux pour l'effort de guerre: depuis la fabrication des uniformes jusqu'à la production de munitions en tout genre. À partir de juillet 1916, l’emploi des femmes est déclaré prioritaire. Les ouvrières en usine d’armement travaillent dix heures par jour dans de mauvaises conditions, les lois sur l’insalubrité des locaux ayant été suspendues en 1915. Elles étaient au contact de fumées toxiques, de produits corrosifs et de machines utilisées sans protection.

On pénètre ici,  aux premières heures de la guerre, dans un « atelier » de montage de chaussures à talons cloutés pour les soldats partant au front.

Nous sommes là, à la belle époque, en plein Paris qui, déjà, est l'une des capitales de la mode avec des grands couturiers : Patou, Poiret, Coco Chanel à ses débuts… Eugène Schuller vient de mettre au point (1907) une teinture capillaire facile d'emploi pour les cheveux qu'il appelle « L'Auréale »; on sait ce que deviendra cette entreprise. 

Ces jeunes femmes, d'élégantes parisiennes, se sont apprêtées pour être jolies pour la photo;  les chignons sont impeccables avec des vaguelettes, des accroche-cœurs typiques de l'époque; elles ont, pour certaines, retirées le tablier pour mettre en évidence, un camée,  un beau chemisier au col brodé …

On peut être surpris par l'arrière plan où l'on distingue des nymphes de carton-pâte sous une verrière. Le « Magic City » est en effet un parc d'attraction situé près du pont de l'Alma avec cascade, piste de danse, toboggan, manèges … Un local y avait peut-être été réquisitionné, ou est-ce une mise en scène patriotique du photographe ?

26 février 1918 - Frévent - Blanchisserie militaire britannique avec un personnel de femmes françaises ; le séchoir.

#8.2

A Frévent, commune du pas-de-calais, s'installa en Juin 1915, l'état-major du Général Foch où furent accueillis, entre autres,  Alexandre Millerand, ministre de la Guerre, le général Joffre, le général Lyautey, le roi d’Angleterre George V … 

C’est à Frévent que Marie Curie a effectué les premiers examens radiologiques à quatre soldats Français, grâce à sa « petite Curie », un véhicule spécialement équipé.

Peut-être aux abords de l'hôpital, y étaient installés ces impressionnants étendages de chemises à perte de vue !  Au milieu des allées s'affairent des dizaines de femmes portant des paniers de linge, pendant, dépendant à longueurs de journée pour le compte de l'armée anglaise. 

Une illustration de ces diverses tâches d'intendance qui font partie de l'organisation et font peut-être aussi la force d'une armée !

On remarquera que des militaires, peut-être au repos, ont voulu être présents sur la photo, et qu'ils tiennent la pose nonchalamment accoudés à des piquets …

Photos - Albums Valois -  Bibliothèque de Documentation internationale contemporaine (BDIC)