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1915 - Felleries - Elephant de Hagenbeck employé par les Allemands à transporter des bois. A gauche, Colonel von Mehring, ancien Commandant de Valenciennes. A droite, en civil, l'écrivain allemand Ludwig von Gaugerhofen.

#9.1

Parmi les 60 000 photos des albums Valois, nombreuses sont celles qui nous émeuvent, certaines sont terribles mais d'autres nous surprennent tant elles décalées au regard du contexte dans lequel elles ont été prises.  Tel est le cas de cette image de l'éléphante Jenny employée par les allemands pour effectuer des travaux de force dont du débardage. Elle était arrivée à Avesnes en février 1915 en provenance d'un cirque de Hambourg. Elle venait de bien plus loin étant née en 1900 sur l'île de Ceylan.   

Les anciens d'Avesnes ont raconté leurs souvenirs à propos de cette étrange visiteuse. Elle était capable de pousser 16 wagons de charbons, abattait le travail d'une douzaine  de chevaux et le soir, son passé d'animal de cirque lui revenait et elle faisait le poirier, marchait sur deux pattes ... Son seul défaut était de manger énormément, alors que la population subissait déjà de sévères restrictions,  15 litres d'avoine et 40 kilos de foin par jour quand elle ne se régalait de dizaines betteraves. 

Jenny, contrairement à son cornac, survécut à la guerre ...Elle retourna en 1917 à Hambourg et les pérégrinations des familles de cirque, l'amenèrent à finir sa vie en 1941 au jardin zoologique du parc d'acclimatation de Paris. Cette éléphante eut donc un destin franco-allemand extraordinaire ayant traversé le monde et deux guerres. D'ailleurs les habitants de  Felleries conserve vivante cette mémoire d'éléphant si singulière au travers d'un pachyderme d'acier et d'osier qui défile à chaque fête du village ! 

18 juin 1916 - Piennes - Soldats au cantonnement ; un montreur d'ours.

#9.2

Cette autre photo nous renvoie également au cirque avec ce faux montreur d'ours. Car s'il s'agit là évidemment d'une pantomime. L'un des soldats au cantonnement s'est travesti en ours en se couvrant de fourrures et s'affublant d'un vieux trophée de chasse ayant perdu sa mâchoire, un autre joue le dompteur; cette scène réjouit visiblement leurs camarades ...  Au delà du jeu, cette scène n'est pas sans contenu symbolique. En effet, avec l'aigle, l'ours est l'un des attributs de l'héraldique Teutonne. Il est aussi l'emblème de la ville de Berlin, capitale du deuxième Reich. Ce deuxième Reich avait été, d'une certaine manière, consacré à Versailles, après la défaite de la France de Napoléon face aux Prussiens en 1817. C'est alors que le Roi de Prusse est devenu le Kaiser Guillaume 1er. L'un des ressorts de la guerre 14 étant une revanche de la déroute de 1870,  on comprend mieux la signification cachée de cette humiliation de l'ours obéissant aux ordres d'un officier Français.

Photos - Albums Valois -  Bibliothèque de Documentation internationale contemporaine (BDIC)