#4.1
Dès la fin de l'année 1914, après les grandes batailles du début de la guerre (Charleroi, les Ardennes, le siège de Maubeuge, la course à la mer, l'Yser, la Marne …), le ligne de front se fige de la mer du Nord à la Suisse, de Nieuport à Pfetterhouse. Là, au bord de la frontière helvète sur laquelle viennent buter les lignes Allemandes et Françaises- le kilomètre Zéro, la guerre s'arrête miraculeusement !
Le front s'étale donc sur plus de 700km le long desquels se font face à face des centaines de milliers d'hommes. Partout, dans une certaine improvisation, on cherche à fortifier ses positions: des sacs de sable, des tranchées, des barbelés … mais cela dure … et l'hiver arrive.
Les soldats ne sont évidemment pas équipés pour vivre dehors dans des trous. Il faut relever un défi d'intendance aussi inédit qu'incommensurable: ravitailler ces hommes perdus le plus souvent en rase campagne en armes, en munitions, en matériel, en équipements d'hiver, en nourriture …, organiser leur communication, leur commandement … établir des cantonnements pour la relève des premières et secondes lignes … Une nouvelle forme de guerre se met en place: une guerre de position, une guerre défensive. Dans ces cagnas de tôle et des planches, dans ces tranchées étroites aux flancs de terre, la vie quotidienne est une épreuve de plus.
Parmi les besoins les plus élémentaires, il y a l'eau .. pour la boire certes, mais aussi pour « laver » ce qui l'être dans ces terribles conditions ! La corvée d'eau est donc une nécessité première.
On voit ici, en plein hiver, un point de pompage manuel d'eau en forêt de Laigue, au voisinage de la tranchée de « Belle Assise ». On n'est pas très loin de la forêt de Compiègne, de la clairière de Rethondes; où sera signé l'armistice ... mais cela personne ne le sait encore !
#4.2
Cette photo a été prise aussi durant l'hiver 1916-1917. Du mois de décembre au mois de février sévit une intense vague de froid; on en a la mesure au tapis de glace qui recouvre les sols, à la longueur des stalactites qui festonnent les installations.
Nous sommes en secteur anglais, au nord de Péronne, sur une station de recharge en eau pour les locomotives à vapeur. Se dessine d'ailleurs en fond la silhouette de l'une d'entre-elles. Les robinets sont sans doute gelés mais le tuyau qui transfère l'eau du réservoir vers la cuve de la loco est percé. Et les soldats en profitent pour remplir leur bidons !!
A cet endroit s'élèvera, bien plus tard, le Trones Wood World War One Memorial, « à l'impérissable mémoire des hommes de la 18ième division qui se sont battus pour une cause sacrée: la liberté ». Mais cela personne ne le sait encore !
Photos - Albums Valois - Bibliothèque de Documentation internationale contemporaine (BDIC)