#5.1
L'hiver s'annonce déjà en ce mois de novembre 1916; ces artilleurs Anglais, bien reconnaissables à leur casque Brodie à la forme d'assiette à soupe ou de plat à barbe retourné ont des pelisses en peau de mouton pour se protéger du froid. Les chevaux eux avancent péniblement sur des chemins fangeux; leurs jambes sont couvertes de boue jusqu'au plastron au point que leurs sabots se confondent avec le sol.
Au long de la vallée de l'Ancre où ils se trouvent, se situaient en ce mois de septembre 1916, de nombreux points d'affrontement direct avec l'armée Allemande lors de la bataille de la Somme.
Mais qui sont ces soldats Anglais venus se battre sur la terre de France qui n'est pas la leur alors même que leur pays n'est pas menacé ?
Au déclenchement de la première guerre mondiale, le Royaume-Uni, qui n'a jamais utilisé la conscription, est, de toutes les puissances engagées, celle dont l'armée est la plus réduite. Des campagnes des recrutement de volontaires sont lancées pour enrôler les jeunes gens en leur promettant: "engagez-vous ensemble, vous servirez ensemble côte à côte". Ainsi, ont été constitués les "Pals Battalions", les bataillons de copains ! "Your king and country needs you, enlist now" sur fond d'Union Jack proclamait une affiche placardée sur tous les murs. Parfois, on pique leur amour-propre : « the german said you are not in earnest; give them the lie ! »
Ainsi voit-on se constituer des unités, qui rassemblent sous le même insigne, le même uniforme, tous les gars d'un village, les ouvriers d'un atelier, les membres d'une équipe de foot, les fidèles d'un temple protestant...
Cette proximité des soldats d'une même unité démultiplia les effets dévastateurs des pertes massives subies lors, notamment, des combats de la bataille de la Somme.
Ainsi, après des mois d'entrainement, de "service militaire", certaines unités sont décimées lors des premières attaques faisant basculer dans un deuil effroyable toute une communauté. L'un des survivants de ces "Pals Battaillons" écrira "deux ans pour se former, quelques minutes pour être détruit, c'est notre histoire!".
#5.2
On peut être au cœur d'une bataille, sur une terre étrangère, conduisant un attelage tirant une pièce d'artillerie, on est reste pas moins britannique !
Ils n'avaient avec eux, ni tasse à effigie de Georges V lors de son couronnement, ni muffins, mais il est certain qu'en avalant ces gorgées de thé, ces deux conducteurs chaudement gantés devaient repenser au pays, de l'autre côté de la manche …
Le reverront-ils ?
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