#6.1
Dès la fin de l'année 1914, les deux armées qui se font face, fortifient leurs positions le long de la ligne de front. Ainsi, séparées par un no man's land, se dessinent pour longtemps dans le paysage deux lignes de défense hérissés de chevaux de frise, de parapets, de sacs de sable, de postes de tir et sillonnées de tranchées. Celles-ci sont parfois très rudimentaires (surtout en première ligne): de simples boyaux sans étais et entre ces deux murs de terre creusés à pioche et à la pelle : des hommes!
Des hommes comme ceux-là sous l'uniforme du 120ième régiment d'infanterie dont le plus illustre représentant fut le colonel Lebel inventeur du fameux fusil Lebel; celui-là même qu'ils tiennent entre les mains !
Nous sommes en 1915, ils ne portent pas encore l'uniforme bleu horizon et le casque Adrian sous lesquels sera diffusée plus tard la figure d’Épinal du Poilu de 14.
Pour se protéger des pluies de matériaux en tout genre qui leur retombent dessus après les explosions d'obus, ils n'ont alors qu'un képi où s'inscrit, en lettres d'or, le numéro de leur régiment !
A l'époque, la photographie n'a rien d'instantané … les temps de pose sont assez longs… ces hommes savent donc bien qu'ils sont photographiés.
Pour faire bonne figure, ils ont composé un tableau souriant, l'un avec sa pipe, un autre vidant un quart de café, derrière, un troisième cigarette au coin des lèvres. Pour peu, on croirait à une virée entre copains !
Mais ces moments de calme ne doivent pas faire illusion; ces hommes font la guerre et ils risquent leur vie !
#6.2
Même année, 1915, autres hommes, des écossais, même sourires un peu forcés … autres tranchées! Celle-ci est étayée, on peut voir les claies de bois tressés qui en tapissent les parois; un réseau de fil de fer barbelé lui sert d'ultime rempart; et on aperçoit l'ouverture d'une casemate couverte d'un remblai de terre et palissée de rondins.
Quant à l'équipement, il est inattendu dans un tel contexte: de large bérets de feutre et des kilts de tartan plus appropriés à un défilé militaire qu'à la vie et aux combats de tranchées.
Ces écossais de la 51ième division ont relevé sur cette position (Authuille dans la Somme) les soldats Français du 11ième corps d'armée. Nombre d'entre-eux sont tombés sur cette terre picarde et, désormais, un groupe local de musique écossaise, le Somme Battlefield Pipe Band, entonne la sonnerie aux morts à chaque anniversaire de la bataille qui eut lieu là, il y a plus de cent ans.
Photos - Albums Valois - Bibliothèque de Documentation internationale contemporaine (BDIC)