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30 septembre 1916 - Boves - Une rue et passage d'un régiment de Dragons.

#10.1

Depuis les chevaliers du moyen-âge jusqu'aux charges héroïques mais désespérées des hussards et chasseurs d'Afrique du général Margueritte lors de la défaite de Sedan en 1870, la cavalerie constituait l'aristocratie de nos armées.

Fidèle à ses traditions séculaires, héritiers des épopées Napoléoniennes, au début de la première guerre mondiale, notre armée compte dans ses rangs encore de nombreux régiments de cavalerie légère (hussards, chasseurs), de cavalerie de ligne (lanciers, dragons) et de cavalerie lourde (cuirassiers, carabiniers). 

Sur cette photo, on observera que les dragons ont remisé leur uniforme de parade pour un uniforme plus conventionnel. Néanmoins la capote est plus courte que celle des fantassins, ils portent des pantalons de cheval, et surtout des bottes de cuirs et des éperons. Il reste de leur légende cette longue lance anachronique de près de 3m. Elle était jusqu'en 1911 en bambou mâle du Tonkin; le modèle 1913 est en acier, on ne fabriquera plus de lances à partir de 1915 ! 

Ces unités furent très peu engagés lors d'attaques frontales. La dernière charge de cavalerie a peut-être eu lieu au matin du 25 septembre 1915 au nord de Saint-Hilaire-le-Grand lors de l'offensive de champagne. Les journaux de marche du 5ième Hussards relate en ces mots  l'assaut:

« Les 3 colonnes partent au galop et franchissent les premiers ponceaux, elles sont arrosées immédiatement par un barrage d'artillerie et les canons allemands raccourcissent leur tir au fur et à mesure que les colonnes avancent. Dès que les colonnes sont en vue des tranchées ennemies, elles tombent sous un feu violent d'infanterie et de mitrailleuses. Nombre de chevaux sont tués ou blessés, ces derniers galopent dans toutes les directions, franchissent les tranchées ou sautent à l'intérieur et les obstruent... Malgré le feu violent qui décime les escadrons de tête, les trois pelotons d'avant-garde arrivent jusqu'aux fils de fer allemands.

...

Dans cette attaque, l'état-major et les 3 escadrons de tête, surtout le 5e, ont fait les pertes les plus sérieuses en hommes et en chevaux... Les chasseurs blessés sont soignés et évacués avec de grandes difficultés. Plusieurs chevaux blessés errent à l'aventure ou gisent dans les tranchées où on les achève. »

Dès lors les régiments de cavalerie s’intéresseront à d'autres montures : blindés légers,  chars d'assaut, engins de reconnaissance... Demeurent cependant aujourd'hui deux unités préservant cette tradition : le cadre noir de Saumur et la cavalerie de la garde républicaine.

1914- Nord - Convoi de prisonniers allemands venant de Douai.

#10.2

Sur cette photo, on retrouve une escouade de dragons qui portent alors encore ce casque d'allure antique surmonté d'un cimier se terminant à l'arrière par une longue crinière noire. Revêtus de leur tunique bleu aux épaulettes blanches et aux boutons dorés, ils ont fière allure lors de cette traversée d'un village du Nord. Ils défilent sur le pavé, sabre au clair même si la mission qui leur est assignée n'est pas si glorieuse: ils encadrent un groupe de prisonniers allemands qui, eux-aussi, doivent être des cavaliers mais désormais à pied. En effet, ceux-ci portent de hautes bottes et, semble-t-il un plastron en « V » dont la coupe est caractéristique des Uhlans.

Ces derniers exerçaient en 1914, des missions de reconnaissance. Ils ont souvent été les premiers envahisseurs aperçus par une population effrayée. On leur attribua de nombreux méfaits.  

Photos - Albums Valois -  Bibliothèque de Documentation internationale contemporaine (BDIC)