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On doit l'invention du fil barbelé aux américains qui l'utilisèrent pour clôturer pour un faible coût les parcelles cultivés que les fermiers du Midwest voulaient préserver du piétinement du bétail en libre pâturage.. Cela déclencha de graves conflits entre éleveurs et cultivateurs, la « fence cutter war » (la guerre de coupeurs de clôture).
Celle-ci a inspirée, en 1967, à Morris et Goscinny un album de Lucky Luke : « des barbelés sur la prairie ».
L'emploi du barbelé se généralisa très vite dans le monde agricole dès la fin du XIXième siècle. En France, il fut appelé « fil de fer ronce »; d'aucuns déjà sensibles à la cause animale, le dénommèrent « la corde du diable » en raison des blessures qu'il pouvait occasionner aux bêtes.
Très vite, on lui trouva, moyennant quelques adaptations, des applications pour lutter contre les intrusions ou les évasions humaines dans des camps, des prisons, … et comme « fortifications de campagne » pour renforcer des lignes des défense lors de conflits armés.
Bardés de picots coupants, ils étaient déroulés le long des tranchées en réseaux et étaient destiné à freiner toute offensive de fantassins. On y accrochait même parfois des cloches, grelots ou de simples boîtes de sardines qui pouvaient donner l'alerte lors d'attaques surprises de nuit. D'ailleurs, l'équipement du fantassin comportait une pince pour couper les barbelés pour leur permettre de franchir ces multiples obstacles qui sillonnait le no man's land entre les deux lignes de tranchées ennemies.
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Avec comme composant principal le barbelé, divers dispositifs particuliers furent imaginés: les chevaux de frise sortes de grand X de bois entourés de fils de fer barbelés, le fameux réseau Brun, grosse bobine de fil de fer hérissé de pointes, déroulé le long de la tranchée ou du boyau à protéger, moins connu, le hérisson, espèce d’étoile métallique à peine visible dans un lit de feuilles ou de branchages, et la queue de cochon, tige bouclée et à la pointe acérée … Ces engins étaient en général confectionnés et posés par les soldats eux-mêmes comme on le voit sur ces photos.
Ils constituaient de redoutables pièges pour les assaillants qui, ralentis ou s'y accrochant, devenaient des cibles beaucoup plus vulnérables. Et si par malheur, ils s'y trouvaient immobilisés, et blessés … il était presque impossible de leur porter secours. Alors agonisaient-ils ainsi des heures durant, appelant en vain « à l'aide », implorant de l'eau, suppliant d'en finir ... Les poilus avaient une expression pour décrire cette terrible situation : « sécher sur le fils ».
Sur ces « séchoirs » pourrissaient des cadavres parfois agités de curieux mouvements provoqués par la macabre besogne des animaux charognards.
Photos - Albums Valois - Bibliothèque de Documentation internationale contemporaine (BDIC)