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8 mai 1916 - Alveringhem - Auto-pigeonnier militaire français. Ensemble de la voiture. Les pigeons et soldats colombophiles.

#35.1 

En 1914, même si des milliers de kilomètres de lignes de télégraphe et de téléphone, fastidieuses à installer et hélas très sensible aux coupures, furent installés, les communications militaires exploitèrent encore des moyens traditionnels hérités de l'antiquité: la signalisation optique par fanions ou héliographes (flashs de lumière solaire réfléchie par un miroir), et les pigeons voyageurs. Rien n'arrête en effet le pigeon, ni les bombardements, ni la fumée ou la poussière pas plus que l'orage ou la pluie. Il peuvent atteindre des vitesses de 60 à 100km/h et se perdent rarement.

L'armée française en place de colombiers fixes se trouvant soit très loin, soit trop proche du front, utilisa « l'araba » qui se déplaçait selon le recul ou l'avancée de l'adversaire. L'araba était un autobus à impériale de marque Berliet, transformé en pigeonnier dont le bas servait de réserve de nourriture et de logement pour le soigneur.

Depuis les premières lignes, les pigeons étaient libérés et s'envolaient vers l'arrière et leur pigeonnier itinérant comme celui ici photographié.

Ils étaient porteurs de renseignements sur les positions de l'ennemi, l'état des forces en présence, des demandes de renfort ou de munitions ...

Les pigeons devinrent même « espions » malgré eux lorsqu’on fixa sur leur poitrine des appareils légers, à déclenchement automatique permettant la prise de photos des lignes ennemis mais ils furent vite supplantés par le développement de l'aéronautique militaire.

Dans les zones occupés, la détention de pigeon était considérée comme un délit très grave car on était alors suspecté « d'intelligence avec l'ennemi ».  

Pour s'assurer que le message passe, on envoyait souvent deux pigeons avec le même message. Et lorsque le pigeon avait accompli sa mission, il fallait le renvoyer vers les premières lignes dans des paniers d'osier que les sapeurs colombophiles cyclistes ou motocyclistes amenaient vers les postes avancés.

Les unités de transmissions de l'armée Française ont longtemps compter des équipes de colombophiles. Le fort de Mons en Baroeul hébergea entre les deux guerres, un régiment colombophile qui était équipé de ce type de pigeonnier mobile. Il reste aujourd'hui un dernier colombier militaire au Mont Valerien.

12 juillet 1917 - La Fontenelle - Poste de colombophiles. Lâcher de pigeons.

#35.2

Ainsi les pigeons jouèrent-ils, sans sans douter, un rôle important durant la première guerre modiale. L'un des épisodes les plus marquants de leur engagement se déroula durant la bataille de Verdun. Du 2 au 5 juin 1916, les messages envoyés par pigeon voyageur par le commandant Raynal du fort de Vaux permirent, sans en changer hélas l'issue, de suivre la résistance héroïque de la garnison du Fort.  Le dernier pigeon, de matricule 787.15, envoyé le 4 juin portait le message suivant:

 « Nous tenons toujours mais nous subissons une attaque par les gaz et les fumées très dangereuses. Il y a urgence à nous dégager. Faites-nous donner de suite communication optique par Souville qui ne répond pas à nos appels. C’est mon dernier pigeon ».

Ce pigeon, nommé « le Vaillant », arriva à destination gravement intoxiqué; il fut soigné et reçu la croix de guerre comme un militaire !  Les exploits de ce pigeon inspirèrent les réalisateurs d'un film d'animation éponyme en 2005 dont l'action se situe pendant la seconde guerre mondiale.

L'action des pigeons et les colombophiles durant la guerre 14-18 fut commémoré au travers de l'édification plusieurs monuments qui leur sont dédiés à Bruxelles et Charleroi.

Au cœur de notre région de forte tradition colombophile, à Lille, fut érigé en 1936 un monument à leur mémoire. Il fut inauguré, le 24 avril 1936, en présence du Maire de la ville, Roger Salengro, avec de beaux discours et évidemment un grandiose lâcher de pigeons. 

Photos - Albums Valois -  Bibliothèque de Documentation internationale contemporaine (BDIC)