Le Clochard Huguet

Dans l’Histoire, on retient souvent les hommes et les femmes de grands faits. Pourtant, certains traversent le temps et les mémoires sans apparaître dans les manuels scolaires.

C’est le cas d’Albert Huguet, souvent appelé le “Clochard Huguet”. Né en juin 1884 et mort le 28 mars 1950, ce marginal était une figure locale dans la première moitié du XXème siècle. Il arpentait les fermes d’Hellemmes et de Mons en Baroeul et dormait dans les étables lorsque les températures étaient trop extrêmes.

Huguet était le pensionnaire privilégié du fermier Delerue, dont les terres s’étendaient sur les deux communes. C’est grâce à Monsieur Delerue, qui s’est livré à l’Association historique de Mons en 2005, que tous ces souvenirs nous sont parvenus.

Selon les descriptions, le Clochard Huguet revêtait un pardessus gris, été comme hiver. Son hygiène était douteuse, comme on peut l’imaginer pour quelqu’un qui vit dans la rue. Certains se souviennent de lui accompagné d’un chien, qu’une voisine de la ferme Delerue, Alphonsine Mahieu, tondait de temps en temps. Avec le même matériel, elle prenait soin de tailler les cheveux et la barbe du maître.

Albert Huguet était réputé sympathique et très instruit : il lisait beaucoup et a même obtenu son certificat d’études primaires en 1899, ce qui n’était pas négligeable pour l’époque. Monsieur Delerue le décrit aussi comme un homme honnête. Il l’envoyait régulièrement faire des courses, et Huguet l’aidait parfois à ramasser les pommes de terre, même si ce dernier rejetait toute forme de travail et revendiquait son statut de vagabond libre. Il resta fidèle à cette idée toute sa vie.

Le fermier rapporte une anecdote des plus cocasses à son sujet : un jour, il envoya Huguet chercher des pains de glace à Lille, en lui donnant l’argent nécessaire pour le trajet en tramway. Le vagabond préféra parcourir le chemin à pied et utilisa les pièces du fermier pour s'offrir un verre ou deux dans un troquet. Arrivé à destination, il avait étanché sa soif, et les pains de glace avaient bien évidemment fondu.